Présentation via mes chroniques, de mes tests, lectures et voyages.contact: theprettyll(@)gmail.com
ROLAND BARTHES : « La Chambre claire » – Note sur la photographie
AUDIOLIB 2016 (2016) lu par Daniel MESGUICH
Durée : 3 h 27
Ce CD se compose de :
12 plages correspondant aux 48 chapitres du livre du même auteur (voir ci-dessous)
+ Une treizième plage : entretien de 30 minutes avec Benoit Peeters (ancien élève de R. Barthes)
I. Partie
1) Spécialité de la Photo
2) La Photo inclassable
3) L’émotion comme départ
4) Operator, Spectrum et Spectator
5) Celui qui est photographié
6) Le Spectator : désordre des goûts
7) La Photographie comme aventure
8) Une phénoménologie désinvolte
9) Dualité
10) Studium et Punctum
11) Le Studium
12) Informer
13) Peindre
14) Surprendre
15) Signifier
16) Faire envie
17) La Photographie unaire
18) Co-présence du Studium et du Punctum
19) Le Punctum : trait partiel
20) Trait Involontaire
21) Satori
22) Après coup et silence
23) Champ aveugle
24) Palinodie
25) « Un soir… »
26) L’Histoire comme séparation
27) Reconnaître
28) La Photographie du Jardin d’Hiver
29) La petite fille
30) Ariane
31) La Famille, la Mère
32) « ça a été »
33) La pose
34) Les rayons lumineux, la couleur
35) L’Etonnement
36) L’authentification
37) La stase
38) La mort plate
39) Le Temps comme punctum
40) Privé/Public
41) Scruter
42) La ressemblance
43) Le lignage
44) La chambre claire
45) L’ « air »
46) Le Regard
47) Folie, Pitié
48) La Photographie domestiquée
Roland Barthes est né le 12 novembre 1915 à Cherbourg. Son père, officier de marine, meurt un an après sa naissance.
Théoricien de la littérature et écrivain essentiel, il est une figure centrale de la pensée de la seconde partie du XXe siècle.
Il est nommé professeur au Collège de France en 1978 et y occupera la chaire de sémiologie (de 1977 à 1980).
La mort de sa mère (octobre 1977) l’affecte terriblement.
Il meurt le 26 mars 1980, à 64 ans des suites d’un accident de circulation.
----------
R. Barthes écrit « La chambre claire – Notes sur la photographie » deux ans après la mort de sa mère.
Cet essai, écrit en 1979, est une commande des « Cahiers du Cinéma ». Il est composé de deux parties, elles-mêmes découpées en 24 chapitres chacune (voir ci-dessus).
Le texte commence, comme un roman, sur l’étonnement de l’auteur devant une photographie ancienne : « Un jour, il y a bien longtemps, je tombai sur une photographie… ».
Dès cet instant il se positionne paradoxalement pour la Photo contre le cinéma.
La démarche de Roland Barthes, si singulière, si personnelle nous touche au plus profond de nous-mêmes.
Il est question ici de photographie argentique : « La photo est littéralement une émanation du référent… Le corps aimé est immortalisé par la médiation d’un métal précieux, l’argent… ».
Mais cette phrase de l’auteur : « L’âge de la Photographie correspond précisément à l’irruption du privé dans le public… » nous renvoie également à l’avènement du numérique et des nouvelles pratiques de la photo, aujourd’hui.
Il va chercher à travers un long cheminement à savoir ce qu’est « en soi » la photographie. Par quel trait essentiel elle se distingue des autres représentations.
Son point de vue est celui de qui regarde une photographie, émanation du réel plus proche pour lui de la magie que de la seule technique, « elle est une expérience métaphysique ».
Son analyse part de quelques photos qui suscitent pour lui un attrait particulier : « Je ne m’intéressais à la Photographie que par sentiment ; je ne voulais l’approfondir, non comme une question (un thème), mais comme une blessure (…)».
Si une photo obéit toujours à des codes (historiques, sociaux, culturels) « elle entretient un lien avec le réel aussi fort qu’avec la mort ».
Alors « la photo atteste que cela que je vois, a bien été… », « L’essence de la Photographie est de ratifier ce qu’elle représente », « Le passé est aussi sûr que le présent ».
Mais ce qui est au centre de cet ouvrage c’est l’amour pour sa mère, disparue deux ans auparavant. La photographie du « Jardin d’hiver » où elle pose, petite fille de cinq ans en compagnie de son frère, lui permet de comprendre ce qu’une photo a d’unique et d’incommunicable…
----------
A la différence de la lecture, l’écoute de « La chambre claire » est une expérience vraiment troublante.
La voix de Daniel Mesguich, déroule les pensées de l’auteur et participe à les rendre vivantes. Cette voix nous accompagne dans la quête de l’auteur et finit par se confondre avec celui-ci.
Un entretien avec Benoît Peeters, élève de Roland Barthes, termine cette écoute, « ce voyage intérieur, littéraire »… Cette « longue, belle méditation intime et intellectuelle ».
----------
Quelques œuvres de ROLAND BARTHES
Le degré zéro de l’écriture (1953)
Critique et Vérité (1966)
Mythologies (1970)
L’empire des signes (1970)
Le plaisir du texte (1973)
Fragments d’un discours amoureux (1977)
Voir aussi une nouvelle biographie (2015) de Thiphaine Samoyault : « Roland Barthes » (Seuil)